Etaient présents, pour l’Inspection Générale M. Marc Montoussé, Doyen des IG de SES, et M. Marc Pelletier, IG de SES [1] ; pour l’APSES, Marjorie Galy, Présidente, Erwan Le Nader, Vice-Président, Catherine Beddock, membre du BN.
A l’occasion de cette entrevue, les points suivants ont été abordés.
• La formation des futurs professeurs de SES
L’APSES rappelle que la réunion rassemblant les Présidents de jury et les formateurs d’ESPE avait été très appréciée et très utile pour la circulation de l’information, et demande qu’elle soit reconduite tous les ans, en complément du rapport de jury. Monsieur Montoussé pense qu’une périodicité annuelle risque d’être un peu lourde et, compte-tenu des éléments assez détaillés présents dans les rapports de jury, préfère en prévoir une tous les deux ans. Il précise en outre qu’au CAPES externe une évolution sera possible concernant l’épreuve orale sur dossier : un des trois documents du dossier pourra ne pas provenir d’un manuel de SES, mais être un document statistique d’une source fiable, qui ne serait alors pas accompagné de questions.
Le rôle des tuteurs est évoqué. L’APSES, à la suite de la demande de collègues, souhaite savoir ce qui l’emporte entre la dimension « accompagnement » des stagiaires, ou au contraire l’aspect évaluation/validation. M Montoussé précise qu’il ne lui semble pas qu’il y ait eu de changements sur cette question depuis les années précédentes et dit ne pas disposer d’informations nouvelles dans ce domaine. L’APSES a par ailleurs noté les disparités assez fortes en ce qui concerne la formation des tuteurs, à l’entretien, à l’observation… M Pelletier assure que la problématique de formation des tuteurs est prise au sérieux dans les académies. L’Inspection Générale précise que la formation est assurée dans le cadre académique. Il s’agit de formations au niveau local qui peuvent être non disciplinaires, le plus souvent sous la responsabilité des ESPE. C’est dans ce cadre que les IPR de SES peuvent être amenés à intervenir.
• Nous avons signalé le cas des redoublants de TES sans affectation notamment en région parisienne.
L’Inspection Générale a pris note de cette information, en précisant qu’il s’agissait là d’une question relevant de la compétence des recteurs.
• Pour ce qui est des notes de Spécialité au baccalauréat
, il semblerait que les retours des commissions d’harmonisation témoignent d’une réduction des écarts de notes entre la spécialité Maths et les spécialités SSP et EA, conséquence de meilleures notes mise par nos collègues en SSP et EA, ainsi que d’une baisse des notes de mathématiques. Les flux d’élèves vers la spécialité EA semblent avoir moins diminué que vers les SSP, ce qui peut s’expliquer par un niveau de départ plus faible pour la spécialité EA que SSP.
Il importe, chaque fois que l’occasion s’y prête, d’établir un dialogue avec les collègues de CPGE pour rappeler que la spécialité Mathématiques ne peut plus être un critère de sélection des candidats. Pour continuer à faire converger les notes des trois spécialités, M Montoussé insiste sur l’importance, en amont des commissions d’harmonisation, d’une réflexion sur l’évaluation dans les académies. Il rappelle aussi, qu’en spécialité, les acquis de première ne font pas partie des notions utilisables dans les intitulés de sujets, que les sujets retenus sont de sujets larges, de façon à ce qu’ils soient plus accessibles. Les IPR sont sensibles à la question de l’évaluation en spécialité et mènent, sur ce thème, un travail en amont des commissions d’entente. Nous rappelons notre demande d’un cadrage national plus précis dans les corrigés des concepteurs en précisant notamment un barème. M. Montoussé rappelle que les commissions d’entente académiques sont souveraines. Enfin, nous demandons à M Montoussé de bien vouloir faire remonter le constat de besoin de formation pour permettre aux collègues de corriger des copies d’une spécialité qu’ils n’auraient pas encore enseignée. A cette occasion et plus largement, l’APSES a demandé à l’Inspection Générale de faire remonter les besoins criants de formation dans notre discipline, où le minimum nécessaire n’est plus assuré dans de nombreuses académies.
• Nous avons fait part à nos interlocuteurs de la forte insatisfaction, et pour de nombreux collègues, de la souffrance vécue en classe de seconde, qui ne faiblit pas quatre ans après la mise en œuvre de la réforme, notamment pour ceux d’entre nous qui ont en charge de nombreuses classes de seconde.
L’APSES souhaite que les IPR demandent, sinon aux chefs d’établissement, au moins aux collègues de veiller à une répartition équitable des classes de seconde. M Montoussé nous répond qu’il est impossible de faire officiellement ce type de communication. En effet, la décision de répartition des classes appartient au chef d’établissement, dont l’inspection n’est pas le supérieur hiérarchique. De même, les conditions de notation et d’effectifs, sont soumises à l’avis du conseil pédagogique. Cette réponse vaut aussi pour les pratiques de fusion SES-PFEG. L’APSES souligne que différents « bricolages » sont observés ici et là, et notamment dans l’académie de Montpellier.
Une des dimensions de cette insatisfaction tient au fait que nous avons souvent du mal à traiter les 8 questions requises et nous souhaitons qu’il soit toléré que les professeurs ne soient pas tenus à les traiter toutes ; M. Montoussé rappelle qu’il existe des textes réglementaires dont on ne peut s’affranchir. Il faut veiller à ne pas avoir une lecture trop extensive du programme.
• Notre entretien, toujours cordial, s’est conclu par une discussion autour de l’enquête sur les copies de baccalauréat menée par l’APSES.
M. Montoussé nous remercie de la lui avoir communiquée. Si l’Inspection Générale ne partage pas toutes les conclusions de l’enquête, elle apprécie les nombreuses informations qu’elle apporte. L’APSES a rappelé les grands enseignements de l’enquête.
En dissertation nous avons observé des réponses souvent structurées, sans doute facilitées par la formulation du sujet (« dans quelle mesure »). En revanche, l’utilisation des données statistiques laisse nettement à désirer. Il aurait sans doute fallu que le concepteur du sujet ajoute une note de lecture pour préciser les unités du document sur la contribution des facteurs de production à la croissance. Il nous semble que les difficultés de lecture observées pour le TCAM ou le revenu médian tiennent à ce qu’il s’agit de notions qui ne sont abordées que peu de fois au cours de l’année en dehors du chapitre 1. Cependant, même la lecture d’indices n’a pas été suffisamment maîtrisée. Au-delà, l’enquête fait apparaître un manque de maîtrise sur les mécanismes économiques, qui sont au mieux énoncés, mais trop rarement explicités. Pour l’APSES, cela plaide en faveur d’un allègement des programmes qui permettrait d’accentuer la formation à l’argumentation pendant l’année.
Pour l’Epreuve composée, nous observons une très forte corrélation entre les notes d’EC1 et d’EC3. Pour l’APSES, cela témoigne du fait que l’EC1 n’est pas nécessairement favorable aux élèves travailleurs, « non héritiers », alors que c’était un de ses objectifs affiché. Pour M. Montoussé, au contraire, cette corrélation révèle que les élèves sérieux maitrisent et l’EC1 et l’EC3, sachant que l’objectif principal de l’EC était d’évaluer des compétences différentes.
Concernant l’EC1, l’APSES a affirmé que les polémiques sur les sujets risquaient de se répéter chaque année du fait de la philosophie de l’EC. Un moyen pour éviter cela, et de réintroduire du pluralisme, serait de formuler les questions de la sorte : « Donnez un argument pour et un argument contre la thèse selon laquelle… ». Pour M. Montoussé, il est évident qu’on ne peut soupçonner les commissions d’élaboration des sujets de proposer des questions biaisées. D’ailleurs, M. Montoussé remarque que compte tenu du programme, la 2ème question aurait pu porter sur les avantages du protectionnisme, et que si la 1ère question sur la flexibilité n’aurait, elle, probablement pas pu être inversée (montrer comment la flexibilité peut engendrer du chômage), elle aurait pu être remplacée par une question demandant de montrer comment le soutien à la demande peut réduire le chômage. Sur cette partie de programme, l’Inspection Générale considère qu’il s’agit de montrer que suivant les formes du chômage (qui ne sont pas forcément exclusives l’une de l’autre), il faut appliquer telle ou telle politique. Pour l’APSES, le traitement du programme devrait laisser une place plus importante aux controverses.
Pour l’EC2, si les notes sont bonnes, les commentaires des collègues font état d’une faible maitrise statistique. Nous signalons que dans certaines académies le choix a été fait de ne mettre l’an prochain que 0,5 point à la « présentation du document ».
Quant à l’EC3, si les copies présentaient souvent des plans cohérents, sans doute liés à l’ordre des documents du dossier, on y relève, comme dans l’ensemble des épreuves, très peu d’explicitation des mécanismes, ce qui est pour nous une conséquence de la lourdeur du programme qui ne laisse pas le temps aux enseignants d’entraîner leurs élèves à la manipulation des connaissances. M. Montoussé rappelle qu’un document du dossier se référant à des notions ou auteurs hors programme (Homogamie ou Boudon) est acceptable s’il est suffisamment explicite. Il rappelle aussi que la paraphrase de certains documents était un risque prévu, mais le but de cette épreuve, à la différence de la dissertation, n’est pas d’éviter toute paraphrase. De plus, la présence de textes, qui peut induire de la paraphrase, est largement justifiée par l’utilisation systématique en cours d’année de textes interprétatifs.
L’APSES a noté des progrès dans les sujets de 2014 par rapport à ceux de 2013 et s’est félicitée de ce que les sujets portaient dans l’ensemble sur des problématiques centrales du programme, et a demandé à ce que les questions d’EC1 et d’EC3 soient bien distinctes, sans pour autant réduire les questions d’EC1 à la simple récitation de définition. Ainsi, nous avons suggéré des formulations mettant l’accent sur l’explicitation et /ou l’illustration d’un phénomène en demandant par exemple aux candidats de présenter un ou deux mécanismes, un ou deux exemples. M. Montoussé a noté ces propositions.