Bilan de l’enquête sur l’option « Sciences Politiques » de première ES réalisé par Sylvain DAVID au nom de l’APSES
A la suite de diverses déclarations portant sur une éventuelle modification du contenu de l’option SES (« Sciences Politiques ») de première ES ou sur son prolongement dans le cadre de l’enseignement de spécialité en terminale, l’APSES avait décidé d’organiser une enquête auprès des collègues. Cette consultation avait pour objectif d’établir un bilan de l’enseignement de cette option (ce qui n’a jamais été fait) et de recueillir l’avis des enseignants de SES sur des éventuels manques et les évolutions envisageables. 118 réponses au questionnaire diffusé ont ainsi pu être exploitées. L’APSES remercie les collègues qui ont bien voulu apporter leur contribution à cette démarche.
Qui a répondu au questionnaire ?
Les réponses proviennent de 25 académies différentes, toutefois deux d’entre elles (Grenoble et Nice) représentent à elles seules 38% des réponses 52% des réponses proviennent de collègues féminines, 57% de collègues ayant entre 35 et 50 ans (contre 26% pour les moins de 35 ans et 17% pour les plus de 50 ans), 80% de collègues certifiés (17% d’agrégés) et 88% de collègues en poste fixe. 40% des réponses proviennent de collègues ayant entre 10 et 15 ans d’ancienneté (les réponses vont de 2 à 36 ans d’ancienneté) 70% des collègues ayant répondu ont une formation à dominante économique.
Conditions d’enseignement de l’option
Sur les 118 collègues qui ont répondu, 97% avaient déjà enseigné cette option, environ 5 fois en moyenne. Dans trois quart des cas (76%), ils étaient demandeurs de cet enseignement. Lorsqu’ils n’étaient pas demandeurs, les collègues mettent majoritairement en avant un problème de compétence, de formation (27%) ou d’envie (27%)
Dans les 2/3 des cas, ils enseignent l’option à une partie de la classe de première. La proportion d’élèves de première ES suivant l’option semble stable 2 fois sur 3 et semble en augmentation dans 20% des réponses.
Dans près de 3 cas sur 4, les collègues qui enseignent l’option ont aussi les élèves en tronc commun.
Les pratiques d’enseignement
79% des collègues déclarent ne pas finir le programme. Les principales raisons invoquées sont : le manque de temps (77%), les problèmes de redondance avec le programme de tronc commun (53%) ou avec l’ECJS (10%). Les autres arguments sont : 20% pour cause de parties qui ne sont pas abordables ou pas intéressantes (20%) 10% des collègues déclarent en outre prendre leur temps sur certaines parties
72% des collègues déclarent ne pas aborder d’autres thèmes. Les principaux exemples de thèmes abordés sont : en fonction de l’actualité, les partis politiques ou l’opinion publique (de manière marginale à chaque fois)
70% déclarent ne pas aborder de thème de manière transversale. Quand cela est fait, sont cités comme exemple : la spécificité des systèmes démocratiques, le pouvoir, le pouvoir politique, la mobilisation collective ou la citoyenneté (de manière marginale à chaque fois) Non à 70%
91% des collègues déclarent faire un lien avec actualité, 77% citent les élections, 22% les mobilisations contre le CPE et 22% le référendum sur le traité constitutionnel européen
55% des collègues établissent un lien avec la vie sociale locale : les 47% rencontres avec différents intervenants sont cités dans près d’un cas sur deux (47% dont les rencontres avec des élus à 30%). Viennent ensuite les visites dans des tribunaux (30%) et les visites dans les différents lieux de décision politique (Conseil Régional, Général, Municipal, parlement,...) dans plus de 20% des réponses.
58% des collègues déclarent utiliser un manuel dans le cadre de l’option. 42% n’en utilisent donc pas : parce qu’ils ne les estiment pas adaptés (trop théoriques, trop complexes, pas intéressants voire « mauvais ») dans près de 40% des réponses ou pour être libre dans le choix des documents (30%)
Intérêt, limites, manques liés à cet enseignement
Les réponses concernant l’intérêt porté à l’option de première sont très dispersées. Parmi les réponses les plus fréquentes on trouve la liberté pédagogique (18%), le fait que cette option intéresse les élèves à la politique (10%), qu’elle complète le tronc commun, qu’elle développe l’esprit critique, la culture générale, qu’elle ouvre l’esprit ou encore qu’elle éveille à la citoyenneté. On peut relever 9 non réponses et 5 collègues qui ne lui trouvent aucun intérêt ou un intérêt très limité.
Les parties du programme les plus citées lorsqu’on demande aux collègues d’en choisir 3 sont : « règles et comportements électoraux » (45% des réponses), « droit et régulation sociale » (43%), « le pouvoir » (41%), « la spécificité des systèmes démocratiques » (38%), « les aspects institutionnels de la démocratie » (33%). Viennent ensuite « la mobilisation collective » et « les différents niveaux de décision politique » (20% chacun) et « le pouvoir politique » (16%).
Parmi les manques ou limites citées, le problème de l’articulation ou des redondances avec le programme de tronc commun est le plus fréquemment cité (19% des réponses). Les autres réponses ne sont pas significatives. Il faut noter que seulement 70% des collègues ont répondu à cette question et que 10% ont répondu « aucun manque ou aucune limite ». De même, peu de collègues ont fait des propositions de changement (20%), 12% n’en souhaitant aucun, avec des propositions très diverses, une place plus grande pour les auteurs étant la plus citée (6 fois).
Concernant la possibilité de poursuivre le programme d’option sur deux ans en le prolongeant dans le cadre de l’enseignement de spécialité en terminale, les avis sont extrêmement partagés puisque le nombre de réponses favorables et défavorables sont quasiment identiques (respectivement 45% et 46%). 7% des collègues souhaiteraient que ce soit l’enseignement de spécialité qui se déroule sur 2 ans.
Conclusion
Les résultats de cette enquête permettent de mettre en avant plusieurs éléments. L’option de première apparaît comme un moment privilégié favorisant la mise en œuvre de pratiques pédagogiques variées (enquêtes, exposés, recherche documentaire, visites, travail sur vidéo,...) et un ancrage fort dans l’actualité. Le traitement du programme dans sa totalité ne semble pas être une priorité, le fait qu’il ne donne pas lieu à une évaluation dans le cadre du bac semblant contribuer fortement à cette pratique. La Liberté pédagogique que confère cet enseignement est plusieurs fois soulignée de même que sa capacité à éveiller les élèves à la « chose publique ». Par ailleurs, des pistes pour un allègement de ce programme apparaissent à travers les problèmes de redondance avec d’autres enseignements (tronc commun en SES mais aussi ECJS voire histoire-géographie) qui sont cités à plusieurs reprises Devant la perspective de prolonger cet enseignement en terminale, les avis des collègues sont très partagés (et parfois même très tranchés). La plus grande prudence sur cette question semble être de mise.
Sylvain DAVID Décembre 2006