
Michel Lallement, Sociologue, professeur titulaire de la chaire d’Analyse sociologique du travail, de l’emploi et des organisations au Cnam (Paris). Sa page professionnelle
"Ma première réaction concerne l’absence, assez curieuse, du travail dans
l’intitulé pourtant (mal nommé) "Travail et emploi"
[1] . On ne peut que se
réjouir bien sûr de voir l’emploi évoqué et associé à des
questionnements sur l’intégration sociale. Il est dommage en revanche que
l’articulation - pourtant déterminante - avec les politiques de l’emploi
traitées par ailleurs (dans le bloc économique2.2. [2]) ne soit pas explicite. Or
ces politiques ne sont en soi ni économiques ni sociologiques ! Je reviens
au travail. Les transformations majeures du système productif au cours de
ces dernières années, les transformations de l’organisation du travail,
l’émergence de nouvelles pathologies sont au cœur des réalités et des
débats sociaux. Il est surprenant en conséquence que le thème du travail
(et plus exactement des conditions de travail, du lien santé et
travail...) soit ignoré à ce point.
Pour ce qui concerne - second point - les conflits (thème 2.2. [3]) : j’avoue
ne pas savoir ce que l’on nomme des "conflits sociétaux", je regrette que
l’on véhicule le vieux poncif du conflit comme "résistance au changement"
et aurais aimé que l’on évoque aussi plus explicitement, en lien avec le
thème du travail et de l’emploi, les acteurs des relations
professionnelles ainsi que la dynamique des négociations."
Le projet de programme de SES en terminale http://media.eduscol.education.fr/f...
[1] 3ème partie "Regards croisées"
2.1 Comment s’articulent marché et organisation dans la gestion de l’emploi ?
Notions : Contrat de travail, relations professionnelles, segmentation du marché du travail, norme d’emploi
Indications complémentaires : On montrera à partir de quelques
exemples que, dans la gestion de l’emploi,
s’articulent à la fois des mécanismes de
marché* et des processus organisationnels
qui font notamment appel au droit. On
soulignera que le taux de salaire n’est pas
seulement lié à la confrontation de l’offre et
de la demande, mais qu’il dépend aussi du
résultat de négociations salariales et de
l’intervention de l’État (salaire minimum,
taux des cotisations sociales, etc.). On
montrera également que la segmentation
du marché du travail est liée à des
processus sociaux et institutionnels
(inégalités liées au genre, à l’âge, à la
nationalité, au statut, à la qualification,
etc.). On soulignera, en s’appuyant sur le
programme de première, que
l’institutionnalisation de la relation salariale,
qui est un enjeu majeur des relations
professionnelles, résulte à la fois du conflit*
et de la coopération*.
2.2 Les évolutions de l’emploi remettent-elles en cause l’intégration sociale par le travail ?
Notions : Salariat, exclusion, précarité, pauvreté.
Indications complémentaires : En lien avec la question 2.1. du programme de sociologie, on montrera que
le travail joue un rôle central dans
l’intégration sociale au sein des sociétés
industrielles, notamment sous la forme du
salariat. On montrera en particulier que
l’occupation d’un emploi constitue une
source de revenus et conditionne de
nombreux droits sociaux, qu’elle est
l’occasion de nouer des relations sociales,
qu’elle a des effets sur d’autres aspects de
la vie sociale (santé, famille, etc.). On
soulignera que la perte de l’emploi peut,
dans certains cas, être à l’origine d’un
processus d’exclusion. On se demandera
en quoi ce lien entre travail et intégration
sociale est fragilisé par certaines évolutions
de l’emploi (multiplication des formes
d’emplois dites atypiques et apparition de
« travailleurs pauvres » notamment).
[2] Quelles politiques
pour l’emploi ? Notions : Flexibilité du marché du travail, taux de chômage,
taux d’emploi,
qualification, demande
anticipée
Indications complémentaires : À l’aide de données empiriques
françaises et étrangères, on mettra en
évidence le caractère dynamique du
marché du travail en donnant des
indications sur les flux bruts.
On s’interrogera sur les relations entre
progrès technique, emploi et durée du
travail.
On montrera que la diversité des formes
et des analyses du chômage explique la
pluralité des politiques. On analysera
plus particulièrement les politiques
macroéconomiques de soutien de la
demande globale pour lutter contre le
chômage keynésien, les politiques
d’allégement du coût du travail pour lutter
contre le chômage classique, les
politiques de formation et de
flexibilisation pour réduire la composante
structurelle du chômage.
[3] 2.2. La conflictualité
sociale : pathologie,
facteur de cohésion ou
moteur du changement
social ?
Notions : Conflits sociaux,
mouvements sociaux,
régulation des conflits
Indications complémentaires : On montrera que les conflits* peuvent
être appréhendés à partir de grilles de
lecture contrastées : comme pathologie
de l’intégration ou comme facteur de
cohésion ; comme moteur du
changement social ou comme résistance
à la modernisation. En s’appuyant sur
quelques exemples, on s’interrogera sur
la pertinence respective de ces différents
cadres d’analyse en fonction de la nature
des conflits et des contextes historiques.
On s’intéressera plus particulièrement
aux mutations des conflits du travail et
des conflits sociétaux dans les sociétés
occidentales contemporaines en mettant
en évidence la diversité des acteurs, des
enjeux, des formes de l’action collective.