Edwige appartient la génération des professeurs de SES des années 80, de ceux qui avaient un projet bien déterminé dès l’université devenir professeur de SES, le « et sociales » étant très important. Edwige je l’ai rencontrée à la prépa Capes à sciences po Paris en 1980 où nous étions nombreux cette année là à le préparer pour 25 postes. Heureusement la génération précédente avait crée les conditions d’accueil d la génération suivante. Je me souviens de Robert James, président de l’Apses et des réunions rue Jacob où Edwige nous entraînait et aussi dans nos enseignants Albert Cohen, Marie Christine Ferrandon et Janine Bremond, tous piliers des SES et responsables de l’association.
Nous avons tous été formés au concours dans le même endroit, partageant les mêmes valeurs, Edwige nous a fait découvrir l’association, elle a permis aux provinciaux d’être hébergés à la cité U, elle a donné et créer un lien entre nous.
De notre défense des postes, de la discipline cette année (nous avons gagné bien entendu) nous avons gardé cette chaleur humaine, mais aussi le fait que les SES s’il n’y a pas que cela dans la vie, il y avait surtout cela. Cet engagement dans l’Apses et pour les SES, Edwige mais aussi Laurence, Arnaud, Claude, Philippe et bien d’autres l’ont poursuivi. Ce n’était pas dans une perspective de court terme mais bien dans cette construction d’un collectif qui dure et perdure au fil du temps.
Ce Capes nous l’avons obtenu et nous avons pu porter dans l’association les combats suivants, contre la séparation de la filière en 2, puis contre les programmes de type gestion, pour une spécificité, celle de l’ouverture, de l’esprit critique. Edwige a été de tous les combats tout le monde l’a rappelé, mais elle a été aussi de toutes les fêtes, les joies partagées. Toujours le sens de l’accueil de l’hospitalité, un rire gai joyeux qui marquait.
Edwige, était ce que le nouveau programme appellerait une femme de réseaux et que moi j’appelle une femme de lien. Elle créait et utilisait ses liens personnels au service d’une cause, la communication pour la défense des SES ou pour son enseignement. Défense des méthodes actives, elle faisait feu de tout bois pour amener ses élèves à découvrir par exemple la diversité culturelle. J’ai souvenir d’une soirée de longue préparation culinaire chez elle pour que ses élèves de première découvre le lendemain que manger est culturel. Soucieuse de ses élèves, de changer sans cesse ses cours, de s’interroger sur sa pratique mais également toujours ouverte aux conférences des chercheurs. Dans la réflexion et la construction des nouveaux programmes des années 90 celle de la réforme Bayrou, elle a joué un rôle important, même s’il n’apparaît pas directement.
Lorsqu’il y a 15 ans le cancer l’a frappé, elle n’a jamais désespéré. Avec sa pugnacité qui la caractérisait elle a réussi à le vaincre et poursuivre son action à mettre en place contre vents et marées avec la complicité d’Emmanuel, de Gérard le café de sciences sociales où bien d’autres personnes que le monde des SES participait. J’aimais ce café de Bastille où à la fin nous déjeunions ensemble après des débats souvent très animés. Car la force d’Edwige c’était de rassembler pour la confrontation, c’était le contraire des bénis oui-oui, de ceux qui tentent de saisir le sens du vent pour se laisser porter.
Le mouvement elle le créait avec conviction et acharnement, usante parfois.
Dans ce monde où le moindre conflit n’est jamais supporté Edwige provoquait le conflit. Dans ce monde où la convivialité n’est qu’un mot, pour Edwige cela a été une façon de vivre.
Répondre à ce message