L’APSES, représentée par Nicolas Kemoun, Erwan Le Nader, et Igor Martinache, a été reçue le 1er octobre 2015 par Agathe Cagé, (conseillère en charge du second degré, des programmes et de l’évaluation des élèves au cabinet du ministère), Jean-Michel Jolion (conseiller en charge des Formations du supérieur et de l’orientation), Isabelle Robin (Chef de bureau des formations générales et technologiques à la Dgesco), Brigitte Doriath (Sous-direction des lycées et de la formation professionnelle tout au long de la vie à la Dgesco), d’Aida Kergroach, chargée de mission relative aux relations école / entreprises. La rencontre, cordiale, a duré plus d’une heure. Ce compte-rendu a été transmis à nos interlocuteurs pour relecture. Ils l’ont trouvé fidèle à nos échanges.

Le logo du ministère sur une publication de l’IDE

La conseillère de la Ministre, Agathe Cagé, ouvre la discussion en revenant sur la présence du logo de l’éducation nationale sur un projet de journal d’actualité économique co-édité par les Echos et l’Institut de l’entreprise (IDE), distribué lors des journées enseignants/entreprises fin août. Elle tient à rappeler que le ministère n’a pas donné son accord pour l’utilisation de ce logo et que la convention existante entre le Ministère et l’IDE ne mentionne pas le droit d’utiliser ce logo sur ce genre de documents. Elle ajoute que l’erreur vient de l’IDE et rappelle que ce document n’a pas circulé en dehors des journées enseignants/entreprises.

L’APSES en a pris acte avec satisfaction, mais a rappelé ses critiques quant au contenu de la publication et son inquiétude sur le manque de pluralisme qui la caractérise. De plus, l’APSES s’est interrogée sur l’association de l’inspection à ce projet, et a, plus largement, dénoncé le partenariat exclusif avec l’IDE qui a régulièrement pris des positions critiques très vives vis-à-vis des SES, notamment sous l’influence de Michel Pébereau, et en particulier la place importante qu’a pris l’IDE dans le plan national de formation en SES.

Agathe Cagé a rappelé le souci du ministère de maintenir un véritable pluralisme en SES et a cité pour preuve le sujet de dissertation de la session 2015 du baccalauréat. Elle a ajouté que le partenariat entre le Ministère et l’IDE n’avait aucune vocation à l’exclusivité, puisque le Ministère travaille également, par exemple, avec les secteurs de l’économie sociale et solidaire même si cela ne concerne pas spécifiquement le plan de formation en SES.

L’APSES conclut sur ce sujet en demandant un élargissement des partenaires dans le plan de formation en SES.

Formation des professeurs de SES

L’APSES rappelle la lettre envoyée à la Ministre et à la directrice générale du CNED à la fin de l’année scolaire précédente pour l’interpeler au sujet de l’affaiblissement de l’offre de formation continue pour les professeurs de SES. En ce qui concerne la préparation à l’agrégation, l’APSES a souligné qu’il n’existe que 7 centres de préparation pour 25 académies, ce qui engendre d’importantes difficultés et inégalités d’accès à ces formations. L’APSES rappelle par ailleurs le coût de plus en plus important de la préparation à distance proposée par le CNED ainsi que des frais devenus prohibitifs d’inscription à la préparation organisée par l’ ENS Cachan (3200 €).

Le conseiller du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche répond que la préparation à l’agrégation interne ne correspond pas aux missions de service public du CNED ni de celles des ENS, et que l’autonomie de ces établissements empêche de leur imposer de telles missions gratuitement. Il invoque ensuite le cadre réglementaire européen sur la concurrence qui impose au CNED de pratiquer une facturation à coûts complets de ses prestations.. Le principe est le même pour les ENS, puisque l’Etat ne leur finance pas les coûts d’inscription des enseignants. Les représentants du Ministère disent cependant réfléchir à des pistes de solutions sur ces questions.

Concernant le plan académique de formation, Agathe Cagé explique qu’un effort budgétaire important a été réalisé en 2015-2016 sur la formation continue notamment en lien avec les nouveaux programmes du collège. Elle rappelle également que le gouvernement a rétabli la formation initiale et souligne sa volonté d’inscrire cet effort dans le long terme. Au-delà du PAF, elle explique qu’il ne faut pas réduire les actions de formation au seul PAF ; il faut aussi prendre en compte les actions des IA-IPR tout au long de l’année notamment dans le cadre des journées d’animation.

L’APSES souligne que ces actions de formation ont nettement tendance à se tarir ; en particulier les lieux où l’on peut échanger entre collègues ont tendance à se réduire.

Enquête baccalauréat, bilan programme et nouvelles épreuves, bilan réforme du lycée

L’APSES a présenté les résultats de l’enquête sur les copies de bac 2015, qui confirment les constats établis lors de la session 2014 et le degré d’appropriation décevant des savoirs et savoir-faire. Ce manque d’appropriation est à mettre en relation avec le caractère encyclopédique des programmes actuels.

D’autre part, l’EC3 apparaît une nouvelle fois comme un appauvrissement de la réflexion en évacuant tout débat. Le sujet sur la croissance endogène est symptomatique de ce point de vue : le sujet d’EC3 se concentrait sur un concept technique au risque d’écarter des questions plus porteuses de sens pour les élèves. Les copies ont montré que la notion de croissance endogène n’était appropriée que par une minorité d’élèves.

En revanche, l’APSES s’est félicitée du sujet de dissertation, un sujet-débat qui était porteur d’enjeux citoyens. Elle a fait remarquer que les candidats ont d’eux-mêmes fait appel à des connaissances tirées de plusieurs chapitres (de la partie sociologie et de la partie regards croisés) pour discuter de l’efficacité de l’intervention des pouvoirs publics sur la justice sociale. Cela montre qu’il n’y avait sur ce sujet pas de sens à respecter le cloisonnement disciplinaire que tente d’imposer le programme.

Le Ministère a rappelé que le Conseil supérieur des programmes (CSP) avait dans ses mandats de mettre l’accent sur les croisements disciplinaires et de lutter contre l’encyclopédisme.

L’APSES a pointé la contradiction entre les principes du CSP et la réalité des programmes de SES (et particulièrement de leur préambule), qui restreignent fortement la liberté pédagogique. L’APSES a demandé que le chantier de leur réécriture soit entamé rapidement.

La DGESCO précise que le bilan de la réforme des lycées sera démarré à l’automne avec pour objectif l’établissement d’un constat partagé sur la réforme du lycée et ses différentes filières. Le principe est de partir des objectifs que s’étaient fixés ces deux réformes et de vérifier que leur mise en œuvre sur le terrain (par exemple rééquilibrage des séries, insertion dans l’enseignement supérieur) a réussi. Le bilan concernera aussi les enseignements d’exploration, l’utilisation de l’enveloppe horaire globalisée pour les groupes à effectifs réduits, l’accompagné personnalisé, les passerelles entre enseignement général et technologique entre enseignement général et professionnel. La réflexion sur les contenus des enseignements ne viendrait ainsi que dans un deuxième temps.

L’APSES considère que pour que les programmes soient construits de manière satisfaisante, il est nécessaire que la réflexion et le travail sur les programmes soit entamée en amont du chantier des structures.

L’APSES fait référence au récent rapport de la Cour des comptes sur le coût du lycée français, pour relever que d’après ce dernier, la série ES est la moins dotée par élève des séries du lycée général, avec des effectifs plus importants dans les classes et une offre réduite d’options. Il y a donc là des marges de manœuvre pour garantir des dédoublements en SES et rétablir un choix de spécialités plus large.

L’APSES s’inquiète du risque que le rééquilibrage des séries se fasse au détriment de la série ES. Le Ministère répond que tel n’est pas son objectif.

Statut exploratoire en seconde et souffrance au travail

L’APSES insiste sur le fait que le statut d’enseignement d’exploration (1h30 face à des classes entières pour une majorité de collègues) a engendré une véritable souffrance professionnelle chez les collègues de SES. Cette souffrance au travail qui est remontée de manière récurrente par les régionales de l’APSES concerne aussi les stagiaires dont les conditions d’entrée dans le métier sont particulièrement dégradées par le statut d’enseignement d’exploration. Par ailleurs, elle rappelle la contribution essentielle des SES à la formation à la citoyenneté, d’où l’exigence d’être présent en tronc commun avec des conditions d’enseignement revalorisées (volume horaire plus conséquent et dédoublements). Elle souligne enfin la contradiction entre des programmes notionnels et le statut exploratoire. L’APSES demande donc au Ministère de desserrer les contraintes qui pèsent sur les enseignants et qui dégradent les conditions d’apprentissage des élèves en seconde, en diminuant le nombre de chapitres à traiter obligatoirement (8 aujourd’hui, alors que la plupart des enseignants n’en traitent que 5 ou moins selon les enquêtes menées par l’APSES). Ce geste serait particulièrement apprécié par la profession.

Parallèlement aux problèmes posés par le statut exploratoire, une autre difficulté se pose concernant l’évaluation en seconde. L’APSES demande que soit rappelé aux chefs d’établissement le droit pour les enseignants de SES d’utiliser, s’ils le souhaitent, une évaluation chiffrée en enseignement d’exploration. Certains chefs d’établissement interdisent en effet aux enseignants de SES de noter leurs élèves, voire même d’avoir voix au chapitre lors des conseils de classe. Le Ministère a pris note de ces demandes.

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