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Préambule des programmes du cycle terminal

Après une approche exploratoire en classe de seconde, l’enseignement des sciences économiques et sociales dans le cycle terminal se fixe trois objectifs essentiels :

– permettre aux élèves de s’approprier progressivement les concepts, méthodes et problématiques essentiels de trois sciences sociales (la science économique, la sociologie et la science politique). Il s’agit donc ici de contribuer à la formation intellectuelle des élèves en développant l’apprentissage rigoureux de savoirs disciplinaires qui sont, pour l’essentiel, nouveaux pour eux ;

– préparer les élèves à la poursuite d’études post-baccalauréat et leur permettre de faire des choix éclairés d’orientation dans l’enseignement supérieur. Il existe en effet un vaste éventail de cursus dans lesquels la maîtrise de connaissances de base en sciences sociales constitue un indiscutable atout (classes préparatoires, formations universitaires d’économie et gestion, de droit, de sociologie, de LEA, instituts d’études politiques, instituts universitaires de technologie, etc.) ;

– contribuer à leur formation citoyenne grâce à la maîtrise de connaissances qui favorise la participation au débat public sur les grands enjeux économiques, sociaux et politiques.

Pour atteindre ces objectifs, l’enseignement des sciences économiques et sociales doit être mis en relation avec les autres disciplines scolaires étudiées par les élèves, notamment les mathématiques, l’histoire-géographie et, en terminale, la philosophie et s’inscrire dans une dimension européenne.

1. Une approche scientifique du monde social

Les sciences sociales, même si la question de leur spécificité par rapport aux sciences de la nature fait l’objet de débats, poursuivent indiscutablement une « visée scientifique ». Comme dans les autres sciences, il s’agit de rendre compte de façon rigoureuse de phénomènes soigneusement définis, de construire des indicateurs de mesure pertinents, de formuler des hypothèses et de les soumettre à l’épreuve de protocoles méthodologiques et de données empiriques. Les schèmes d’intelligibilité construits par les sciences sociales font ainsi l’objet d’un effort continu d’enrichissement au sein des communautés savantes. Ils conduisent, de ce fait même, à la production de connaissances au moins partiellement cumulatives. L’accent mis sur l’ambition scientifique des sciences sociales ne doit pas conduire cependant à un point de vue « scientiste ». L’activité scientifique ne consiste pas à construire un ensemble de dogmes ou de vérités définitives, mais à formuler des problèmes susceptibles d’être résolus par le recours au raisonnement théorique et à l’investigation empirique. Pour autant, la posture scientifique conduit à refuser le relativisme : tous les discours ne se valent pas et rien ne serait pire que de donner l’impression aux élèves que « les sciences sociales ne sont qu’une collection d’opinions contradictoires sur le monde, qui, au final, se valent toutes et donc ne permettent de fonder aucun savoir solide » (rapport de la commission présidée par Roger Guesnerie, professeur au Collège de France).

La démarche scientifique conduit, dans de nombreux cas, à une rupture avec le sens commun, à une remise en cause des idées reçues. Même si certaines démarches (notamment en sociologie) accordent une place importante aux discours et à l’expérience des acteurs, il n’en demeure pas moins que le chercheur dispose d’un ensemble de savoirs théoriques et méthodologiques lui permettant une prise de recul par rapport à la connaissance ordinaire du monde social.

Les sciences sociales ont recours, dans des proportions et selon des modalités variables en fonction des disciplines, à deux grands types de démarche : le modèle et l’enquête. Comme le souligne le rapport précité : « toute démarche relevant des sciences sociales s’appuie sur une modélisation ». Les modèles macroéconomiques, les modèles microéconomiques ou les types-idéaux, ne visent pas tant à décrire la réalité qu’à isoler certaines variables déterminantes et à accentuer unilatéralement certains aspects de la réalité afin de formuler des relations causales ou des interprétations heuristiques. L’enquête, quant à elle, repose sur la collecte de données (qualitatives ou quantitatives) à partir de la formulation d’une problématique et de l’identification d’un objet d’étude que l’on s’efforce de mieux comprendre et de mieux expliquer.

Comme les autres disciplines scientifiques, les sciences sociales articulent donc, selon des modalités variables, théorisation et investigations empiriques. Elles sont aussi caractérisées par une pluralité d’approches théoriques dont il faut montrer la logique interne, la fécondité et les limites, mais qu’il faut éviter d’opposer de façon simpliste.

Au total, partant de ces acquis scientifiques, l’enseignement des sciences économiques et sociales au lycée vise à former les élèves à une posture intellectuelle, celle du rationalisme critique et de la vigilance épistémologique. Il s’agit pour eux d’apprendre à porter un regard savant sur le monde social et par là de former leur esprit à prendre du recul par rapport aux discours médiatiques et au sens commun.

Cette posture intellectuelle constitue la meilleure contribution possible des sciences sociales à la formation citoyenne des élèves : comprendre le monde social de façon rationnelle permet de participer au débat public de façon éclairée.

2. Les disciplines et leur croisement

Si les sciences sociales ont en commun une ambition de connaissance scientifique du social et, dans une certaine mesure, une histoire commune, elles se caractérisent aussi par une spécialisation disciplinaire. La science économique, la sociologie et la science politique ont des modes d’approche distincts du monde social : elles construisent leurs objets d’étude à partir de points de vue différents, elles privilégient des méthodologies distinctes, des concepts et des modes de raisonnement qui leur sont propres. Même si les découpages disciplinaires sont susceptibles d’évolution, même si, au plan de la recherche, les travaux interdisciplinaires se multiplient et se révèlent féconds, il n’en demeure pas moins que les savoirs sont organisés en champs disciplinaires. Il importe donc de permettre aux élèves de prendre connaissance de cette réalité et de ce cadre épistémologique. L’approche disciplinaire a aussi le mérite de former les élèves à une posture parcimonieuse : il n’est pas possible d’embrasser d’emblée la réalité sociale dans sa totalité. On ne peut conduire des investigations scientifiques qu’en se limitant à un certain point de vue, en privilégiant une certaine méthodologie, en centrant son attention sur un objet circonscrit. Toute composante du monde social est susceptible d’être étudiée par diverses disciplines et, par exemple, l’entreprise étudiée par l’économiste n’est pas le même « objet » que l’entreprise du sociologue, du politiste, du psychologue social, etc. Les disciplines sont caractérisées par le point de vue qu’elles adoptent sur le monde, par les problématiques spécifiques qu’elles mobilisent, par les concepts et les méthodologies qu’elles mettent en œuvre, par les connaissances cumulatives qu’elles développent.

Il convient donc de permettre aux élèves de bien comprendre et de maîtriser « les outils conceptuels et analytiques propres à chaque discipline » avant de pouvoir croiser les regards sur un certain nombre d’objets d’étude communs et sans pour autant s’interdire de faire parfois référence à d’autres disciplines. 

3. Les apprentissages des élèves

L’approche scientifique, le primat accordé aux outils conceptuels et analytiques, permettent de circonscrire le programme et d’adopter une démarche de complexification progressive sur l’ensemble du cycle terminal. Ces objectifs d’apprentissage ambitieux ne peuvent être atteints que grâce à des démarches pédagogiques et didactiques qui engagent les élèves dans une authentique activité intellectuelle. Il faut pour cela donner du sens aux apprentissages en montrant comment les concepts et les outils permettent d’interpréter des situations concrètes. Il semble donc souhaitable de procéder, pour chaque question traitée, en deux temps : un temps de sensibilisation permettant de susciter la curiosité des élèves ; un temps d’analyse permettant de montrer comment la mobilisation de notions, outils et modes de raisonnement spécifiques à la discipline concernée permet d’accéder à une meilleure compréhension des phénomènes étudiés et d’apporter une réponse rigoureuse à la question.

On pourra ainsi, chaque fois que possible :

– partir d’énigmes, paradoxes, interrogations susceptibles de susciter la curiosité des élèves, en prenant appui, si nécessaire, sur des supports variés (jeux, comptes rendus d’enquêtes, documents iconographiques et audiovisuels, tableaux statistiques, graphiques, monographies, etc.) ;

– les amener à se poser des questions précises et à formuler, sur cette base, des hypothèses visant à résoudre le problème identifié ;

– leur proposer ensuite de mener des investigations (recherches documentaires, enquêtes, exercices, analyses de données statistiques, etc.) susceptibles de tester les hypothèses formulées ;

– enfin structurer les apprentissages réalisés afin de permettre aux élèves de se les approprier et de les mémoriser.

Cette démarche prendra en compte les représentations des élèves pour les enrichir et les dépasser ; c’est ainsi que les outils conceptuels, les théories et les méthodes propres à chaque discipline peuvent prendre davantage de sens pour les élèves.

Il s’agit, en diversifiant les dispositifs pédagogiques, d’articuler étroitement la présentation des problèmes, l’appréhension des enjeux, la compréhension des savoirs, la rigueur et la précision dans la mise en œuvre des démarches et dans l’appropriation des notions, outils, modes de raisonnement.

Pour ce faire, la formation méthodologique des élèves se révèle très importante : la collecte et le traitement de l’information, l’analyse de données diverses, la rédaction de synthèses, la formulation de problématiques, la construction d’argumentations rigoureuses, constituent autant de savoir-faire et capacités à acquérir et à mettre au service de la maîtrise des connaissances produites par les sciences sociales. Le recours aux techniques de l’information et de la communication se révèle, dans ce cadre, particulièrement précieux.

Le programme de sciences économiques et sociales a été conçu dans le cadre d’une perspective d’ensemble du cycle terminal et dans une logique d’approfondissement progressif de la première à la terminale : en première, l’étude des concepts, outils, démarches et méthodes de chaque discipline a été privilégiée ; les objets communs susceptibles de mobiliser les regards croisés, déjà présents en classe de première, prendront toute leur place en terminale.

Dans le cadre du programme, les professeurs exerceront leur liberté pédagogique, en particulier :

– pour organiser leur progression de cours sur l’ensemble de l’année scolaire ;

– pour articuler séances de cours et séances de travaux dirigés ;

– pour adapter leurs méthodes de travail à leurs élèves.

En classe de première, en incluant les heures consacrées aux devoirs et à leurs corrigés, et en tenant compte des apprentissages à caractère méthodologique, le programme est conçu pour être traité en 170 heures environ (cours et travaux dirigés). Les indications horaires sont là pour signaler que les contenus sont nettement délimités et qu’il convient de respecter la répartition entre économie (90 heures), sociologie générale et sociologie politique (60 heures), regards croisés (20 heures). Les professeurs pourront choisir une répartition hebdomadaire entre les trois disciplines constitutives des sciences économiques et sociales, en consacrant par exemple 3 heures hebdomadaires à l’économie et 2 heures hebdomadaires à la sociologie et à la sociologie politique pendant 30 semaines et en étudiant les objets communs au moment qui leur semble opportun. Il est rappelé à ce propos qu’un programme ne constitue pas la programmation des activités des professeurs et des élèves. Le programme détermine ce que les élèves doivent avoir appris à la fin de l’année. Il appartient au professeur de choisir la progression adaptée à ses élèves : par exemple rien n’impose de traiter les regards croisés en fin d’année, ils peuvent être rapprochés dans le temps de l’étude des thèmes correspondants de sciences économiques et de sociologie. 

Démarches, savoirs et savoir-faire généraux pour le cycle terminal

Les professeurs pourront, dans le cadre de leur liberté pédagogique, présenter la démarche, les modes de raisonnement et les principaux concepts de chacune des trois disciplines à propos de l’un ou l’autre des thèmes étudiés au cours du cycle terminal.

La démarche de l’économiste

On montrera que l’analyse économique n’est pas définie par un ensemble d’objets mais par le type de questions qu’elle soulève et par les approches et les méthodes qu’elle utilise pour y répondre, tant au niveau de l’acteur individuel (individu, entreprise) qu’au niveau de la société et des choix collectifs. On mettra l’accent sur le raisonnement coût-bénéfice qui est au coeur de l’analyse économique, et sur la nécessité des choix, dans le présent et dans le temps, que l’on s’intéresse aux choix des acteurs individuels ou aux choix collectifs. On insistera sur le caractère extensif de la notion de rationalité qui sous-tend le raisonnement économique, en évoquant la diversité des motivations et donc des satisfactions, ce qui interdit de juger, de l’extérieur, de la rationalité des actions observées. On montrera qu’elle n’exclut pas les déséquilibres, notamment macroéconomiques, et que la répartition des revenus et des richesses résulte de l’interaction entre le fonctionnement des institutions marchandes et l’action des pouvoirs publics. Les analyses micro et macroéconomiques permettront d’initier les élèves à la pluralité des approches et à la démarche de modélisation, puis de validation-infirmation des hypothèses, en s’appuyant sur des tableaux de données statistiques, des séries de graphiques, et en menant des comparaisons internationales.

Notions : rareté, choix individuels et collectifs, incitations et contraintes, coût d’opportunité, modèle.

La démarche du sociologue

On mettra en évidence les apports de la sociologie par rapport à la connaissance intuitive du monde social en confrontant les représentations véhiculées par le sens commun et les résultats établis par les enquêtes sociologiques. On montrera comment le regard sociologique – entre engagement et distanciation – permet d’objectiver les pratiques sociales et d’expliquer des phénomènes sociaux a priori énigmatiques ou paradoxaux. On distinguera soigneusement l’existence d’un problème social de la construction d’un problème sociologique. On initiera les élèves au raisonnement sociologique en montrant qu’il prend en compte à la fois le poids des déterminismes sociaux et le jeu des acteurs. On familiarisera les élèves avec différentes formes d’enquêtes sociologiques (observation ethnographique ou participante, entretiens, enquêtes par questionnaire) et on leur montrera l’intérêt de combiner méthodes quantitatives et méthodes qualitatives.

Notions : opinion, prénotion, objectivation, fait social, action sociale.

La démarche du politiste

On initiera les élèves au mode de raisonnement de la sociologie politique (rupture avec le sens commun, vigilance épistémologique, méthodologie quantitative et qualitative, etc.). Une attention particulière sera accordée à la question du repérage, tant historique qu’institutionnel, du « politique ». On évitera de donner une définition arbitraire du mot « politique » pour tirer parti de l’élasticité sémantique du terme. Enfin, on présentera trois catégories fondamentales de l’analyse politique en insistant d’abord sur les spécificités de la relation de pouvoir politique (territorialisation, monopole de la violence, institutionnalisation bureaucratique) pour aborder ensuite la question de la domination et de sa légitimation. Un regard comparatif, dans le temps comme dans l’espace, permettra de rendre attractive cette présentation.

Notions : la/le politique, pouvoir, domination, légitimation.

 

Programme

Thèmes

Notions

Indications complémentaires

Science économique (Durée indicative : 90 heures)
1. Les grandes questions que se posent les économistes
1.1 Dans un monde aux ressources limitées, comment faire des choix ?Utilité,

contrainte budgétaire,

prix relatif

À partir d’exemples simples (choix de forfaits téléphoniques, formule « à volonté » dans la restauration, utilité de l’eau dans divers environnements, etc.), on introduira les notions de rareté et d’utilité marginale, en insistant sur la subjectivité des goûts. On s’appuiera sur une représentation graphique simple de la contrainte budgétaire pour caractériser les principaux déterminants des choix, sans évoquer les courbes d’indifférence. Il s’agit d’illustrer la démarche de l’économiste qui modélise des situations dans lesquelles les individus sont confrontés à la nécessité de faire des choix de consommation ou d’usage de leur temps (par exemple).
1.2 Que produit-on et comment le mesure-t-on ?Production marchande et non marchande, valeur ajoutéeOn sensibilisera les élèves à la diversité des modes de production des biens et services et de leur mise à la disposition des consommateurs. On s’intéressera aux problèmes posés par la mesure de la valeur ajoutée.
1.3 Comment répartir les revenus et la richesse ?Salaire, profit, revenus de transfertLa production engendre des revenus qui sont répartis entre les agents qui y contribuent par leur travail ou leur apport en capital. On introduira la distinction entre cette répartition primaire des revenus et la répartition secondaire qui résulte des effets de la redistribution.
1.4 Quels sont les grands équilibres macroéconomiques ?Équilibre emplois/ressourcesLa mesure et l’analyse de l’activité d’une économie nationale et de ses principales composantes seront présentées simplement. On présentera l’équilibre emplois-ressources, en économie ouverte, et on pourra évoquer les sources de possibles déséquilibres.

 

Thèmes

Notions

Indications complémentaires

2. La production dans l’entreprise
2.1 Comment l’entreprise produit-elle ?Facteurs de production,

coûts (total, moyen et marginal), recettes (totale, moyenne, marginale), productivité, loi des rendements décroissants

Après avoir présenté la diversité des entreprises, on montrera que les choix du producteur portent à la fois sur la combinaison des facteurs de production et sur le volume de la production. On introduira les notions clés de l’analyse de la production de l’entreprise, notamment la loi des rendements décroissants.

On montrera l’utilité pour l’entreprise d’instruments de suivi de son activité et de ses résultats en présentant une structure simplifiée du compte de résultat et du bilan.

 

Thèmes

Notions

Indications complémentaires

3. La coordination par le marché
3.1 Qu’est-ce qu’un marché ?Institutions marchandes, droits de propriétéOn présentera la diversité des marchés concrets (depuis les foires du Moyen Âge jusqu’aux achats en ligne ; les marchés des biens, des services, des actifs, du travail, etc.). On montrera que le fonctionnement des marchés nécessite des règles de droit, qui déterminent notamment qui possède quoi, et ce qui peut être ou non échangé. On montrera que le marché suppose notamment l’existence d’institutions et de conventions (par exemple, marchandage, achat à l’unité ou en nombre, enchères, etc.). On expliquera en quoi les droits de propriété (y compris les droits d’auteur, brevets, marques, etc.) sont au fondement de l’échange. On s’interrogera sur les limites de l’échange marchand (existence de commerces illicites, brevetabilité du vivant, interdiction du commerce d’organes, etc.).
3.2 Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?Offre et demande, prix et quantité d’équilibre, preneur de prix, rationnement, surplus, gains à l’échange, allocation des ressourcesOn s’attachera à mettre en évidence les déterminants des comportements des agents, offreurs et demandeurs, puis on procédera à la construction des courbes d’offre et de demande et à l’analyse de la formation de l’équilibre sur un marché de type concurrentiel. La modification des conditions d’offre ou de demande permettra de montrer comment s’ajustent, dans le temps, prix et quantités d’équilibre. On étudiera les réactions de l’acheteur aux changements des incitations (augmentation du prix du tabac, de la fiscalité sur les carburants, prime à la casse sur le marché de l’automobile, etc.). L’étude de la notion de surplus et de son partage entre acheteurs et vendeurs permettra d’illustrer graphiquement les gains de l’échange. On fera apparaître l’existence de situations de rationnement lorsque le prix est fixé, quelle qu’en soit la raison, à un autre niveau que celui qui équilibre le marché (files d’attente, réglementation des loyers, pénuries de places pour des rencontres sportives ou les spectacles, etc.).
3.3. Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?Pouvoir de marché, oligopole, monopoleOn soulignera le caractère très particulier du marché concurrentiel et on introduira la notion de structures de marché. Sans aucun recours à la formalisation et à l’aide d’exemples (monopole dans le domaine de l’électricité ou du transport, situations de concurrence monopolistique engendrées par l’innovation ou la différentiation des produits, oligopoles dans les domaines de l’automobile, des composants électroniques, etc.), on montrera que les vendeurs mettent en œuvre des stratégies susceptibles de renforcer leur pouvoir de marché (positionnement et marketing des produits, ententes entre vendeurs, guerres de prix, création de demande captive, etc.). On pourra s’interroger sur les conditions favorisant ces structures non concurrentielles et sur le rôle des pouvoirs publics dans la régulation de la concurrence.
3.4 Quelles sont les principales défaillances du marché ?Asymétries d’information, externalités, biens collectifsOn montrera qu’en situation d’information asymétrique, on constate l’existence d’équilibres avec rationnement voire l’absence de marché (marché des voitures d’occasion, marchés des professionnels de santé et des avocats, marché de l’assurance, etc.). Les diverses manières de produire et de diffuser de l’information – labellisation, publicité, comparateurs de prix, magazines de consommateurs, etc. – pourront être évoquées, de même que la réglementation publique sur l’information.

En s’appuyant sur des exemples, on montrera aussi que les marchés peuvent être défaillants dans le domaine de l’allocation des ressources en présence de biens collectifs ou d’externalités (pollution, éclairage public, pollinisation par les abeilles, etc.).

 

Thèmes

Notions

Indications complémentaires
4. La monnaie et le financement
4.1 À quoi sert la monnaie ?Fonctions de la monnaie, formes de la monnaiePar contraste avec des situations d’échange non monétisé, on mettra en évidence les avantages de la monnaie et les fonctions qu’elle remplit. On évoquera les formes qu’elle revêt et on expliquera (en prenant comme exemple le paiement par carte bancaire) comment fonctionnent les systèmes de paiement dématérialisés dans les économies contemporaines.
4.2 Comment l’activité économique est-elle financée ?Autofinancement, financement direct/indirect, taux d’intérêt, risque de créditLes choix de financement des agents économiques seront présentés de manière élémentaire. On montrera que le taux d’intérêt est à la fois la rémunération du prêteur et le coût du crédit pour l’emprunteur et qu’il varie en fonction du risque associé au crédit. On pourra illustrer ce mécanisme à partir de l’exemple des crises des dettes publiques. On distinguera le financement intermédié et le financement direct. Dans la procédure de financement par appel au marché, on présentera les grandes catégories de titres émis et échangés (actions, obligations) ainsi que leur mode de rémunération (dividende, intérêt).
4.3 Qui crée la monnaie ?Masse monétaire, marché monétaire, banque centrale, prêteur en dernier ressortOn présentera, à l’aide d’exemples simples, le processus de création monétaire par les banques commerciales (« les crédits font les dépôts »). On montrera le rôle central du marché monétaire. On pourra citer les autres sources de la création monétaire (créances sur le Trésor et devises). Pour ce faire, on définira la banque centrale comme la « banque des banques » et on montrera l’importance de son rôle pour assurer la liquidité (notamment lors des crises de confiance) et préserver le pouvoir d’achat de la monnaie.
5. Régulations et déséquilibres macroéconomiques
5.1 Pourquoi la puissance publique intervient-elle dans la régulation des économies contemporaines ?Fonctions économiques de l’État (allocation, répartition, stabilisation)En faisant référence aux défaillances de marché étudiées précédemment et à la possibilité de déséquilibres macroéconomiques, on étudiera les fonctions de régulation économique de la puissance publique en insistant sur l’importance du cadre réglementaire dans lequel s’exercent les activités économiques. On présentera brièvement les principaux niveaux d’intervention (notamment européen, national et local).
5.2 Comment le budget de l’État permet-il d’agir sur l’économie ?Prélèvements obligatoires, dépenses publiques, déficit public, dette publiqueOn décrira la structure du budget de l’État et de l’ensemble des administrations publiques, en donnant des ordres de grandeur. On insistera sur les notions de production non marchande et de prélèvements obligatoires. On montrera, à l’aide d’exemples (fiscalité écologique, crédit d’impôt pour les aides à domicile ou pour les dons aux associations, etc.) qu’en changeant les prix relatifs ou les rémunérations nettes, les impôts et taxes modifient les incitations des agents.
5.3 Quelles politiques conjoncturelles ?Demande globale, inflation, chômage, déséquilibre extérieur, politique budgétaire, politique monétaireOn présentera les principaux déséquilibres macroéconomiques et leurs instruments de mesure. On montrera comment ils sont liés à la dynamique de la demande globale.

En s’appuyant sur les développements du point 5.2, on montrera comment les pouvoirs publics peuvent utiliser la politique budgétaire pour agir sur les déséquilibres. En se référant au point 4.3, on présentera également les moyens d’action des banques centrales (notamment la Banque centrale européenne) et leur rôle dans la régulation conjoncturelle de l’activité économique.

Sociologie générale et sociologie politique (Durée indicative : 60 heures)
1. Les processus de socialisation et la construction des identités sociales
1.1 Comment la socialisation de l’enfant s’effectue-t-elle ?Normes, valeurs, rôles, socialisation différentielleOn étudiera les processus par lesquels l’enfant construit sa personnalité par l’intériorisation / incorporation de manières de penser et d’agir socialement situées. On s’interrogera sur les effets possiblement contradictoires de l’action des différentes instances de socialisation (famille, école, groupe des pairs, média). On mettra aussi en évidence les variations des processus de socialisation en fonction des milieux sociaux et du genre, en insistant plus particulièrement sur la construction sociale des rôles associés au sexe.
1.2 De la socialisation de l’enfant à la socialisation de l’adulte : continuité ou ruptures ?Socialisation primaire / secondaire, socialisation anticipatriceOn se demandera en quoi le processus de socialisation secondaire (conjugale, professionnelle, etc.) est lié aux conditions et aux effets de la socialisation primaire. On montrera également que la socialisation, aux différents âges de la vie, fait se succéder des phases de transition et des processus de restructuration de l’identité sociale.

 

ThèmesNotionsIndications complémentaires
2. Groupes et réseaux sociaux
2.1 Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?Groupes primaire / secondaire, groupes d’appartenance / de référenceOn distinguera les groupes sociaux, caractérisés par l’existence d’interactions (directes ou indirectes) entre leurs membres et la conscience d’une appartenance commune (familles, collectifs de travail, associations, etc.), des catégories statistiques (PCS, groupes d’âge, etc.).

On montrera que les groupes sociaux se différencient en fonction de leur taille, de leur rôle, de leur mode de fonctionnement et de leur degré de cohésion. On évoquera les situations où les individus prennent comme référence un autre groupe que celui auquel ils appartiennent.

2.2 Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?Capital social, sociabilitéOn montrera que les réseaux sociaux constituent une forme spécifique de coordination entre acteurs et de sociabilité (réseaux internet, associations d’anciens élèves, etc.). On pourra présenter quelques exemples très simples de structuration de réseaux sans entrer dans la théorie des graphes. On s’intéressera surtout au rôle des réseaux en matière de recherche d’emploi en discutant plus particulièrement la thèse de « la force des liens faibles ».
3. Contrôle social et déviance
3.1 Comment le contrôle social s’exerce-t-il aujourd’hui ?Contrôle social formel/ informel, stigmatisationOn s’interrogera sur l’évolution des formes du contrôle social dans les sociétés modernes et sur leurs effets. On montrera qu’au fur et à mesure que les relations sociales deviennent plus impersonnelles, le contrôle social par des instances spécialisées tend à prédominer sur le contrôle informel exercé par les groupes primaires. On pourra s’interroger également sur les effets produits par le recours à des formes de contrôle social prenant appui sur les ressources des nouvelles technologies.
3.2 Quels sont les processus qui conduisent à la déviance ?Déviance, anomieOn définira la déviance comme une transgression des normes et on montrera qu’elle peut revêtir des formes variées selon les sociétés et, en leur sein, selon les groupes sociaux. On analysera la déviance comme le produit d’une suite d’interactions sociales qui aboutissent à « étiqueter » certains comportements comme déviants et, en tant que tels, à les sanctionner. On montrera que les comportements déviants peuvent aussi s’expliquer par des situations d’anomie.
3.3 Comment mesurer le niveau de la délinquance ?Chiffre noir de la délinquance, enquête de victimationOn précisera que la délinquance n’est qu’une forme particulière de déviance : celle qui fait l’objet d’une sanction pénale. On s’intéressera aux modes de construction des statistiques produites par la police et la justice. On confrontera ces données avec celles que révèlent les enquêtes de victimation.
4. Ordre politique et légitimation
4.1 Pourquoi un ordre politique ?État, État-nation, souverainetéOn mettra en évidence l’avènement d’un ordre politique distinct des ordres économiques, sociaux et culturels. On pourra prendre l’exemple de l’évolution de l’État dans le monde occidental. On apprendra aux élèves à distinguer la construction étatique et la construction nationale.
4.2 Quelles sont les formes institutionnelles de l’ordre politique ?État de droit, État unitaire / fédéral, démocratie représentative / participativeOn familiarisera les élèves au vocabulaire juridique et politique qui permet de distinguer les formes étatiques et de préciser le contexte institutionnel dans lequel elles se sont développées. À partir d’exemples contemporains, on sensibilisera aussi les élèves à l’émergence de nouvelles formes de participation politique et de légitimation démocratique.
Regards croisés (20 h)
Entreprise, institution, organisation
Comment les rapports sociaux s’organisent-ils au sein de l’entreprise ?Hiérarchie, coopération, conflitOn montrera comment l’entreprise constitue un mode de coordination des actions par la hiérarchie. On mettra aussi en évidence comment coopération et conflits s’entremêlent dans la production de l’action collective. On mobilisera pour cela les apports de la science économique (économie de la firme) et de la sociologie (mobilisation et logiques d’acteurs).

 

ThèmesNotionsIndications complémentaires
Action publique et régulation
Comment l’État-providence contribue-t-il à la cohésion sociale ?Solidarité, désaffiliation, disqualification socialeOn montrera comment l’État social contribue, à travers la définition de droits sociaux et la mobilisation d’instruments divers, à favoriser la cohésion sociale en luttant contre la pauvreté, l’exclusion et les discriminations.

 

Comment un phénomène social devient-il un problème public ?Agenda politique, action publiqueOn présentera une première approche de la construction des politiques publiques par l’interaction de divers acteurs (lutte contre l’échec scolaire, l’illettrisme, le tabagisme, la délinquance routière, etc.). On montrera comment la définition des problèmes publics et leur inscription à l’agenda politique sont un enjeu de conflit et un objet de coopération.


Savoir-faire applicables aux données quantitatives et aux représentations graphiques

L’enseignement des sciences économiques et sociales en classe de première doit conduire à la maîtrise de savoir-faire quantitatifs, ce qui implique à la fois calcul et lecture (c’est-à-dire interprétation) des résultats. Les calculs ne sont jamais demandés pour eux-mêmes, mais pour exploiter des documents statistiques travaillés en classe ou pour présenter sous forme graphique une modélisation simple des comportements économiques, sociaux ou politiques.

– Calculs de proportion et de pourcentages de répartition

– Moyenne arithmétique simple et pondérée, médiane

– Lecture de représentations graphiques : diagrammes de répartition, représentation des séries chronologiques

– Mesures de variation : coefficient multiplicateur, taux de variation, indice simple

– Lecture de tableaux à double entrée

– Évolution en valeur et en volume

– Représentation graphique de fonctions simples (offre, demande, coût) et interprétation de leurs pentes et de leurs déplacements

– Notion d’élasticité comme rapport d’accroissements relatifs. Notions d’élasticité-prix de la demande et de l’offre, d’élasticité-revenu de la demande

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