Les Sciences économiques et sociales sont un cas assez rare de création et d’institutionnalisation d’une nouvelle discipline dans l’enseignement secondaire français, d’autant plus intéressant qu’il ne s’agit pas de la simple transposition d’une discipline académique.

Cet enseignement nouveau émerge entre l’automne 1964, où le principe de la réforme qui l’introduit est exposé par le ministre de l’Education, Christian Fouchet, à l’Assemblée nationale, et la rentrée 1966, où 200 classes de seconde expérimentent le programme d’Initiation économique et sociale menant au futur baccalauréat sciences économiques et sociales.

Inscrite dans une réforme des lycées (réforme Fouchet) la voie B créée en 1965-66 continue et remplace la voie B’ technique économique. L’enseignement des Sciences économiques et sociales prend  donc la place d’un autre enseignement d’économie existant antérieurement, mais alors que l’ancienne B’, était une filière de l’enseignement technique, la nouvelle B est une filière de l’enseignement général.

En pleine période des « Trente Glorieuses », le choix politique de moderniser le lycée afin « d’adapter l’enseignement aux devenirs que lui impose l’évolution de la société et le développement des savoirs » (Fouchet), et ainsi de créer une nouvelle série générale « économique », est porté par le Ministre, favorable au développement des sciences sociales, qui réussit à faire passer son projet en dépit d’oppositions, en particulier des philosophes. Il choisit ainsi les hommes qui mettent en musique le projet en élaborant les programmes : l’historien Charles Morazé qui a collaboré avec Fernand Braudel à l’Ecole pratique des hautes études, qui met au travail  le géographe Marcel Roncayolo et l’historien Guy Palmade, animateurs d’un centre de documentation sociale à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm.

Contre l’avis de certains économistes est maintenu le  projet d’une intégration des dimensions économiques dans une vision globale de l’évolution des sociétés, toujours située historiquement et dans l’espace géographique, conformément aux orientations de l’Ecole des Annales.

 

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